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L'œil du designer: Nintendo Switch

Par Olivier Patry, le 12 juillet 2017

La nouvelle console Switch de Nintendo fait beaucoup parler d’elle depuis son lancement. Après l’avoir testée pendant plusieurs semaines, notre Lead Product Designer, Olivier Patry, partage avec nous son expérience et son point de vue sur cette console à mi-chemin entre les appareils portables et les consoles de salon.


L’EMBALLAGE

Bien que la Switch vienne dans un emballage compact et relativement optimisé, celui-ci demeure sans surprise. Pour ceux et celles qui se souviennent de l’attention et du détail apporté à celui de la WII il y a 10 ans, il y a de quoi être déçu. Cette fois-ci, l’emballage n’ajoute rien à l’expérience du produit. Il n’est que fonctionnel, sans plus.

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L’ÉCRAN : LE CŒUR DE LA CONSOLE

Une fois la console sortie de sa boîte, une impressionnante quantité d’accessoires annonce d’emblée excitation et polyvalence. Au cœur de la console se trouve un écran LCD tactile généreux de 6,2 pouces. L’ensemble est réussi même si on regrette un peu l’épaisseur de la bordure autour de la zone active. L’écran est aussi recouvert d’une couche protectrice en plastique plutôt qu’en verre, ce que nous avons l’habitude de retrouver sur les téléphones intelligents et les tablettes. Ce choix fait par Nintendo est non seulement plus économique, mais permet surtout d’éviter que l’écran ne se fracasse lors d’un impact avec le sol. Ce qui est bien pensé, sachant qu’il s’agit d’une console familiale et que de tels accidents sont plus que probables. Après une utilisation de plus de 60 heures, incluant de multiples arrimages, l’écran n’est toujours pas rayé. Il faut toutefois faire attention; le plastique se raye plus facilement que le verre lors de frottement avec d’autres matériaux.

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Le boîtier en alliage métallique lui confère une perception de qualité et de robustesse, ce qui en fait un produit haut de gamme. La seule véritable lacune au design de l’écran est la béquille de plastique qui lui permet de tenir en équilibre lorsque l’on joue en multi-joueurs «on-the-go». Elle semble fragile et peine à maintenir l’écran en place lors de parties endiablées de Mario Kart. Sans changer le design de la pièce, le simple fait de substituer le matériel de cette béquille par le même matériel que le reste du boîtier serait une solution peu coûteuse et efficace.

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LES JOY-CONS

La polyvalence de la Nintendo Switch découle directement de l’idée de génie que sont les Joy-Cons. Ces manettes asymétriques proposent une multitude de configurations qui permettent d’utiliser la Switch comme une console classique, branchée à un téléviseur, ou de façon nomade à l’aide de l’écran portatif. Toutes ces configurations sont possibles tant en mode solo qu’en mode multi-joueurs.

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En mode classique, il est possible de fixer les deux Joy-Cons à un support qui, une fois en place, se rapproche d’une manette traditionnelle. L’intention est noble mais le résultat est mitigé. Le format général est surprenant et intéressant mais les ajustements et la finition laissent à désirer.

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Les Joy-Con peuvent aussi être utilisés séparément dans chaque main, ce qui rappelle l’utilisation des Wiimotes, qui avaient su à l’époque apporter de la nouveauté dans le monde balisé des jeux vidéo.

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De petites pièces de finition viennent optionnellement refermer les manettes, tout en y intégrant une dragonne pour éviter de les échapper. En tant que designer, nous pourrions y voir une solution onéreuse pour un bénéfice discutable. Nintendo n’aurait-il pas pu intégrer cette fonction dans la manette elle-même?

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Pour une utilisation nomade en solo, les Joy-Cons viennent se glisser de part et d’autres de l’écran. En conception de produit, ce type de mouvement inquiète car il représente bien des risques. Dans le cas de la Switch, il faut reconnaître que la mécanique est très réussie. L’arrimage est très rigide et donne confiance. La longueur de la course et la rétroaction sonore lorsque l’arrimage est complété sont appréciables. Une fois la manipulation effectuée, le ressenti d’un produit fini et complet est sans faille. On a entre les mains une console portable d’une grande qualité.

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L’utilisation la plus imaginative de la Joy-Con est en mode nomade multi-joueurs où elle peut être partagée et utilisée à l’horizontale comme une manette minimaliste, permettant ainsi à deux utilisateurs de jouer avec la même console. Il est possible de jouer jusqu’à quatre personnes, mais dans ce contexte la taille de l’écran peut devenir un inconvénient.

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En termes de reconnaissance de gestuelle, la Joy-Con surpasse ses concurrents. Étant l’unité mobile, elle est munie de capteurs et de ce que Nintendo appelle le «HD Rumble»; un moteur de vibration plus précis que ce que l’on retrouve normalement dans les manettes des autres consoles. L’expérience de jeu s’en retrouve plus précise et donc meilleure. D’une manière générale et en termes de manipulation, le contraste de disposition et de dimension des éléments avec ses consœurs risque de nécessiter une certaine adaptation. Mais la versatilité du système rend l’expérience très plaisante. Accessoirement, la course des micros switches et la texture des boutons devraient résister à un usage intensif.


LA STATION D’ARRIMAGE

La base qui permet de recharger et de connecter la console au téléviseur est probablement la pièce la plus décevante par son manque de cohérence. Bien qu’intelligente et pratique, l’exécution n’est pas à la hauteur du reste de la Switch. Les matériaux et la finition sont moins invitants et la station donne même l’impression d’être fragile. L’utilisation de «in-mold finish» haut de gamme avec un fini gravé au laser auraient rehaussé la qualité perçue sans augmenter les coûts.

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Une fois dans le socle, l’écran n’est pas totalement recouvert. Sans changer drastiquement l’intention du design, il aurait été possible de revoir simplement les proportions et de reprendre quelques codes de signature. Par exemple, les petits tunnels lumineux qui auraient pu rendre le tout plus esthétique et cohérent, sans toutefois coûter plus cher.

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L’ajout d’une légère encoche à l’arrière de l’écran permettrait une préhension plus facile lors de la sortie du socle.

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Néanmoins, la station d’arrimage sait se faire oublier par sa discrétion. En termes d’usage, elle reste également agréable. L’arrimage se fait très bien, même à l’aveugle. La gestion des fils est également bien pensée. Une trappe permet de contraindre et guider facilement le connecteur d’alimentation et le câble HDMI.


LA COMMUNICATION

Enfin, le travail graphique tels que la typographie, le logo et les couleurs permettent d’ajouter la touche finale à l’univers visuel de la console qui est ludique et iconique à souhait. Le logo lui-même évoque la silhouette asymétrique des Joy-Cons, véritables éléments emblématiques de la Nintendo Switch. La cohérence visuelle et sonore tout au long de l’expérience lui confère une signature distinctive et marquante.

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Au final, de mon point de vue de designer, la Nintendo Switch est un produit bien pensé mais surtout bien conçu. Oui, elle comporte quelques lacunes qui sont probablement présentes dans un souci de respect des contraintes de coût de production, mais celles-ci sont rapidement oubliées lors de l’utilisation. Les différentes expériences de jeu qu’elle propose la rendent unique et attrayante. La Nintendo Switch remplit avec brio autant sa mission de console de salon que de console nomade.

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