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Retour sur Movin'On 2019

Par Marc-André Coutu et Romain Zolfo, le 13 juin 2019

Du 4 au 6 juin dernier se tenait à Montréal la quatrième édition de Movin’On. Romain Zolfo et Marc-André Coutu, les spécialistes en transport d’ALTO Design, ont participé à l’évènement pour une troisième année consécutive. Découvrez les points marquants de cette édition très réussie.


LE QUÉBEC, PIONNIER DANS L’ÉLECTRIFICATION DES VÉHICULES.

Ce n’est pas un hasard si le plus grand évènement consacré à la mobilité durable se déroule annuellement au Québec... Outre la richesse de notre parc hydroélectrique, les entreprises d’ici se démarquent grâce à leur caractère innovant et leur volonté de changement. Parmi les nombreux projets présentés lors de l’évènement, en voi-ci deux qui ont particulièrement capté notre attention.

Après avoir profité de l’édition 2018 pour annoncer les précommandes de son autobus électrique, l’entreprise québécoise Lion Électrique récidive cette année en dévoilant cette fois-ci un camion à ordures 100% électrique. Partageant la même plateforme que le camion Lion8, ce véhicule redéfinit la vision que l’on se fait d’un camion de vidange. Son potentiel a généré énormément d’intérêt lors de l’évènement. On estime une autonomie de 400 kilomètres et une possible réduction des coûts d'opération de 60%.

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Movin’On aura aussi marqué un passage important pour une autre entreprise d’ici : Letenda.

Nouveau joueur dans l’industrie du transport collectif électrique, Letenda s’est donné pour mission d’accélérer le remplacement des autobus à combustible fossile par des solutions zéro-émission. Leur premier produit, nommé Electrip, est un autobus urbain en aluminium développé en étroite collaboration avec Rio Tinto. Réfléchi pour répondre aux caprices du climat québécois, cet autobus à propulsion électrique d’une longueur de 9 mètres sera aussi 20% plus léger qu’un véhicule comparable. La fabrication du premier modèle a été annoncée la semaine dernière.

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UN VENT DE CHANGEMENT POUR MICHELIN

Movin’On, c’est aussi l’occasion pour les grandes entreprises de faire état de leur derniers avancements technologiques. Dans sa volonté d’adopter une approche plus coresponsable, Michelin s’est fixé pour objectif de fabriquer des produits renouvelables à 80% d’ici les 30 prochaines années. C’est dans ce cadre que le Uptis (Unique Puncture-Proof Tire System) a été développé. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un pneu increvable et sans air, mais aussi intelligent, imprimé en 3D et durable.

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Le prototype présenté à Movin’On est une étape intermédiaire dans le développe-ment de ce pneu nouveau genre. La mise en marché pour les véhicules de prome-nade serait prévue pour 2024. Conçu d’abord pour des enjeux de sécurité dans les pays d’Asie dont les conditions de route sont difficiles, l’Uptis pourrait réduire de 200 millions le nombre de pneus qui prennent la route du site d’enfouissement annuellement. Questionné à savoir si le fait d’avoir des pneus plus résistants pourrait influencer les ventes à la baisse, Florent Menegaux, CEO de Michelin a simplement répondu « Rien ne nous empêchera d’innover, encore moins ce que nous risquons de perdre en chemin ». Voilà qui est assez clair sur les ambitions de l’entreprise.

Pour plus d’information: https://fr.michelinmedia.com/michelin-uptis/


LES VILLES, CATALYSEURS DU CHANGEMENT?

Comme nous avons pu le constater dans les derniers mois au Canada, les mesures pour inciter les gens à passer à l’électrique se multiplient : subventions supplémen-taires, modèles plus abordables et rabais sur les bornes de recharge personnelles. Même si on sent une forte demande citoyenne, la capacité d’adaptation des villes n’évolue pas au même rythme. Plusieurs experts concertés sont d’accord pour dire qu’actuellement ce sont les villes qui freinent l’adoption des véhicules électriques. Au-delà des voies réservées et de certains péages gratuits, il faut revoir les infras-tructures de manière à offrir plus de bornes de recharge et de stationnements dédiés. Il faudrait réfléchir ce système afin qu’il maximise l’utilisation des infrastruc-tures versus le temps nécessaire à la recharge.

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Si les véhicules autonomes sont sur le point de faire partie de notre quotidien, c’est grâce à la participation active de certaines villes comme Lyon, qui testent présentement des navettes en libre circulation et non plus seulement sur des circuits fermés. Ce genre d’initiative, dans un contexte réel, permet d’identifier rapidement les principales problématiques qui risquent de ralentir l’adoption.

Toujours dans le cadre de l’évènement, Marc-André et Romain ont participé à un atelier fort intéressant sur l’accroissement de l’acceptabilité et de l’engagement des citoyens face aux véhicules autonomes de tout genre. Plusieurs recommandations très constructives en ont découlé

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L’HUMAIN AU CENTRE DE LA TECHNOLOGIE

Annoncé il y a quelques années déjà, le changement de paradigme de la voiture comme possession personnelle vers un bien commun au service du transport continue d’évoluer. Toutefois, ce changement ne se produit pas aussi vite qu’on aurait pu l’imaginer. L’une des principales sources d’explication serait le fait que l’on réponde à une problématique résolument rationnelle avec une solution tout aussi rationnelle. On laisse ainsi de côté une caractéristique majeure de l’humain ; ses émotions.

Encore aujourd’hui, la voiture est un produit qui répond à des besoins émotionnels forts : statut social, plaisir de conduite, affirmation de soi et bien plus. Nous savons aussi qu’il est assez complexe de convaincre quelqu’un de changer ses habitudes si on ne tient pas compte de ses motivations profondes. Ainsi, si le désir émotif est jugé plus important que la problématique rationnelle perçue, l’adoption d’un nou-veau comportement sera compromise. Afin d’accélérer le processus, il faudra réfléchir à des pistes de solutions prenant en considération ces besoins moins rationnels.

Bref, cette situation soulève un point central dans le développement de toutes nou-velles technologies, qu’il s’agisse d’un produit ou d’un écosystème complexe de produits : Pour qu’une innovation soit adoptée, les designers doivent absolument mettre l’humain au coeur de leur processus de conception et de réflexion.

Nous aurons probablement droit à plus de pistes de réponse l’an prochain dans le cadre de Movin’On 2020.

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